Retrouver l’ambiance des sanatoriums allemands est toujours un apaisement doublé d’un retour aux sources.
Notre arrivée se fera dans la brume, de bon matin, avec le craquement des feuilles d’hiver sous nos pieds.
Construit en 1902, Heilstätten OL était à l’origine un sanatorium pour enfants.
Cadre bucolique, air pur et calme de la campagne devaient aider à leur rétablissement. La tuberculose faisant des ravages dans le pays,
les services publics et les donateurs se mobilisent. Ce complexe hospitalier ainsi que les 10 autres construits dans la région
à la même époque ont en partie été financé par la Croix Rouge Allemande et les dons publics et privés.
De 30 lits installés à la va vite le premier été, la capacité du sanatorium est vite passée à 300 puis 500 lits.
Rapidement, en 1904 une chapelle et un bâtiment destiné aux femmes sont construits.
Pendant la première guerre mondiale, le sanatorium est détourné de ses fonctions d’origine pour accueillir les soldats
et devient ensuite un hôpital de santé et de repos.
En 1935, la gestion des institutions médicales est reprise par un nouveau médecin, le docteur G.
Suite à la diminution des cas de tuberculose et avec à l’esprit les jeux olympiques de 1936, l’hôpital se spécialise dans les accidents
du sport et du travail ainsi que la chirurgie reconstructrice, ce qui lui vaut une forte popularité dans les domaines des sports et des loisirs.
Si l’on s’en réfère aux listes de visiteurs, de nombreux dirigeants nazis ont fréquenté ce lieu à la mode.
Himmler et Hess y séjournant en plein temps, les visites d’Hitler n‘y étaient pas rares.
Entre autre, le centre bénéficie d’une salle de sport, d’une grande piscine intérieure et d’installations nautiques sur le lac accolé,
de nombreux terrains de sports, de salles de massage, d’une pharmacie et d’une station météo permettant d’étudier les interactions maladies/météo.
Sous le régime nazi, le complexe hospitalier est à son apogée. Entre 1933 et 1942, 25000 patients seront soignés ici.
Lorsqu’Hitler déclarent la guerre en 1939, les SS font d’Heilstätten OL un hôpital militaire.
On découvrira plus tard que les médecins expérimentaient des traitements sur des cobayes, souvent des femmes juives,
arrachées au camp de concentration tout proche et réalisaient de nombreux tests bactériologiques et infectieux.
Les chirurgiens du centre s’essayaient également sur eux à des transplantations diverses et variées. Les archives, conservées et cachées dans un grenier,
sont découvertes. Les preuves, accablantes, vaudront au médecin en chef G. une mise à mort pour crimes contre l’humanité en 1948 à Nuremberg.
Après la guerre, l’hôpital est évacué et les soldats de l’Armée Rouge s’occupent de piller et détruire les machines et installations.
Les forces soviétiques Allemandes vont s’en servir comme hôpital et maternité mais le complexe est progressivement abandonné jusqu’à sa fermeture
définitive en 1993. Actuellement, certains des pavillons ont été réhabilité en jolies maisons de briques mais la plupart du site est resté en l’état.
Là ou la mort rode et l’herbe ne pousse plus – hommage …
*
Leave a reply