J’en ai rêvé la nuit de ces grandes ombres serpentant le long des murs du manicomio di C.
J’y ai pensé pendant des années à toutes les Schnaps photos de folie que je pourrais réaliser là bas …
Finalement ce n’est pas plus mal d’avoir attendu quelques années avant de m’y rendre.
Mon travail a eu le temps d’évoluer, de s’affiner, de devenir plus mature, plus affirmé.
C’est donc par une série de nus que j’ai enfin pu rendre l’hommage qu’il se doit à ce lieu qui a tant occupé mes songes.
L’histoire de cet ancien asile commence en 1873, lorsqu’une épidémie de choléra s’abat dans la région.
L’administration provinciale décide alors de transférer temporairement l’asile psychiatrique dans la petite ville de C.
Pour ce faire, on choisit l’ancien palais ducal et l’ancien couvent, accolés l’un à l’autre.
On y réalise quelques travaux, notamment pour accueillir de nombreux dortoirs.
La situation est restée ainsi jusque dans les années 1990 et la fermeture définitive de l’asile,
malgré de nombreuses contestations vis à vis de l’inadéquation du lieu à sa nouvelle destination.
En effet, loin d’être réellement dédié à soigner de vraies pathologies psychiatriques,
l’asile sert en fait à enfermer les personnes considérées « dangereuses » aux yeux de la société.
Les conditions de détentions y sont exécrables, l’hygiène inexistante et les violences, nombreuses.
Au milieu des années 1960, l’asile est envahi par le mouvement antipsychiatrique, dénoncant les violences menées à l’intérieur.
En 1969, il est occupé par des étudiants de la faculté de médecine de P, manifestant contre la discrimination sociale parmi les patients,
la hiérarchie en son sein et le manque de visites pour les membres des familles.
Ainsi s’amorça la désinstitutionnalisation de l’asile et sa fermeture.
Au passage, ces tags sont issus de la série « 1000 shadows » de l’artiste Herbert Baglione, si vous vous demandiez.
*
2 Comments
Cette série est absolument magnifique ! Le lieu, l’atmosphère, les couleurs, les mises en scène, tout est là. Bravo !
Vous avez un talent fou.
Je suis admiratif de vos autoportraits car je sais l’exercice difficile.
Je rêverais de partir en balade urbex avec vous.