A la fois la pire expérience & la meilleure de ma vie en exploration …
J’en ai rêvé, pendant des années de ce spot, ça m’a hanté, comme Beelitz à mes débuts.
Je savais que cet endroit avait un passif assez lourd, mais je ne pensais pas
le ressentir à ce point. Ainsi, la mémoire des murs ne trompe pas
quand on fait partie de ces gens sensibles aux fantômes du passé …
Après avoir survécu au face à face avec le célèbre bouc qui
traine dans le parc du Manicomio, tel un gardien fou, nous voilà dans l’asile …
A peine un pied posé à l’intérieur que déjà je sentais monter l’angoisse.
Cette sensation inexplicable, comme si mon esprit ne m’appartenait plus entièrement
& que ma cage thoracique allait imploser. Tremblante de la tête aux pieds,
j’ai dû puiser dans mon mental pendant les 3 heures suivantes, à
lutter contre mon coeur qui s’emballait à tout va …
Pour la première fois en 9 ans d’exploration, les larmes me montaient aux yeux
en entrant dans certaines pièces. Sentir la folie, au sens propre ;
la souffrance ; entendre les peines, la douleur … je ne sais comment poser
des mots là dessus sans paraitre ridicule …
Pendant 6 mois, impossible pour moi de visionner les photos que
j’avais prises tellement j’étais encore toute perturbée
par cette expérience assez dérangeante …
Un récit qui a donc pour moi une signification bien particulière,
un témoignage pas si silencieux du passé psychiatrique Italien 😉
Pour la petite (grande) histoire :
Le bâtiment, conçu en forme de double cloitre à grandes promenades intérieures,
a été initialement décidé et financé par la Congrégation de la Charité, à partir de 1789,
dans le but de remplacer le trop étroit hospice général de la ville.
Il est toutefois à noter que le bâtiment, représentant un engagement financier trop lourd
pour la Congrégation ne sera totalement achevé qu’en 1829.
L’histoire du bâtiment est étroitement liée à l’histoire de la ville et à la fabrication
de la soie fin 19ème dans cette région de l’Italie.
Grâce à ses 400 lits, il a ainsi accueilli les milliers de chômeurs liés aux crises
régulières de production de la soie ainsi que des mendiants et des orphelins.
Le bâtiment devient ainsi un lieu d’aide à la santé.
Suite aux nouvelles difficultés économiques de la Congrégation conjointement
à de nouvelles exigences étatiques concernant l’armée, le bâtiment devient en 1833
un collège pour les enfants de militaires.
En 1871, face à un besoin urgent de disposer d’une structure adaptée à la garde
& aux soins des malades mentaux, le bâtiment devient le siège de l’asile et l’hôpital
neuropsychiatrique que l’on connait actuellement.
Très précurseur et reconnu pour l’époque, on y a longtemps pratiqué des thérapies par électrochocs
et des opérations sur le système nerveux des patients … jusqu’à la loi de 1904
& l’invention des médicaments chimiques -psychotropes, qui calment les crises aiguës.
On y pratiquait également les méthodes habituelles de psychiatrie de la fin du 19ème siècle :
confinement, douche froide, injection du paludisme pour lutter contre les dépressions nerveuses au travers de pics de fièvre …
On retrouve deux départements dans le pavillon « Chiarugi »
(en l’honneur du Père de la psychiatrie Italienne) : « Marro » pour les hommes tranquilles
& « Tamburini » pour les femmes tranquilles. Le pavillon « Morselli » était réservé aux patients désignés d’aigus.
Il accueillait ainsi des chambres d’isolement.
L’asile comprenait également des jardins pour l’ergothérapie, une maison des soeurs,
des laboratoires de recherches cliniques, pathologiques, radiologiques
& électrothérapeutiques, une pharmacie, un dentiste, une boucherie, une boulangerie …
Les jardins & fontaines étaient interdits aux patients. Ceux ci ne pouvaient que déambuler
dans certains couloirs sous réserve de règles strictes …
Situés dans un énorme parc arboré, les 380 m2 bâtis ont ainsi accueilli jusqu’à 1400 âmes malades ou blessés, surtout durant les deux grandes guerres …
A l’intérieur, on trouve encore les archives administratives & les fiches de suivi de soins des patients …
Pavillon Chiarugi
Pavillon Morselli
Le déclin de l’hôpital débute avec les lois concernant la réorganisation du système de santé Italien en 1978.
L’asile se décharge alors de 300 personnes entre 1981 & 1991. La mort -naturelle de nombreux patients,
s’additionnant à ces lois, entrainait la déchéance de nombreux
grands asiles Italiens. Ainsi, le pavillon Tamburini, perdant 26 femmes, fini par fermer ses portes.
En 1996, l’hôpital est encore occupé par 170 patients. En 1998, on trouve encore
deux unités pour les handicapés & deux pour les malades mentaux.
Un quartier résidentiel héberge 10 femmes. Au total, 60 patients restent encore
dans l’enceinte de ces murs … jusqu’au dernier pensionnaire,
relogé par la mairie dans un appartement en ville, en 2004 ! L’hôpital ferme alors
définitivement ses portes, malgré les projets de la municipalité pour le sauver de l’abandon …
D’après certains explorateurs passés début 2016 sur le site, des travaux de réhabilitation
on commencé et tous les accès seront maintenant bien gardés 😉
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Comment
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