Théâtre des Bleus de Bar-le-Duc (FR)

Pour changer des habitudes, je vais vous parler d’un lieu récemment sauvé de l’abandon : le théâtre à l’Italienne des Bleus à Bar-le-Duc.

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Construit sous l’impulsion de Claude Mayeur, négociant en vin à Bar, le Théâtre Nouveau est inauguré en 1902.
Situé sur les hauteurs de la ville de Bar et disposant de nombreuses terrasses et jardins en plateaux, le domaine domine par sa vue.
Pendant quatre ans, la programmation y est variée : opéras, concerts, débuts du cinéma et plusieurs troupes importantes viennent s’y produire.
C’est devenu un lieu prisé des Barisiens, ou l’on se retrouve régulièrement à l’occasion de bals, cérémonies et rassemblements festifs.
Malheureusement Mr. Mayeur n’est pas bon gestionnaire, n’y connaissant rien au monde du spectacle et accumule vite les dettes. En 1906, la grande propriété est vendue aux enchères.

Commence alors la seconde vie du théâtre : sept Barisiens s’en rendent acquéreurs afin de procurer des locaux à l’œuvre Saint-Joseph et aux « Bleus de Bar », qui mêlent activités culturelles et sportives. Pour ce faire, ils font appel à l’aide financière de plusieurs Barisiens. Les Bleus de Bar deviennent alors les nouveaux propriétaires du théâtre. Ils en assurent la gestion et vont même créer successivement deux troupes : « La troupe du Théâtre Jeanne d’Arc » puis « La troupe du Cercle Jeanne d’Arc ».

Représentation dans les années 30.

En 1939, le théâtre est occupé par les Allemands. Il prend le nom de « Theater Soldaten » et sur la scène du théâtre trône alors un étendard représentant un aigle sur fond de croix gammée … Image glaçante. Pourtant la vie et les spectacles continuent : une salle des fêtes est construite sur la terrasse, une nouvelle troupe est montée. À la Libération, les représentations reprennent de plus belle et ce pendant encore quelques décennies.
Malheureusement, la belle époque envolée, les lois se durcissent en France concernant les lieux recevant du public.
Faute de moyens pour mettre le théâtre aux normes, les Bleus de Bar sont dans l’obligation d’arrêter les représentations en 1970. 
L’espace intérieur est remanié pour continuer d’accueillir des gymnastes : les fauteuils sont retirés, un parquet est construit pour mettre la scène au même niveau que l’orchestre, offrant ainsi un espace plus adéquat aux activités sportives. L’état du lieu continuant à se dégrader, il finit par fermer définitivement en 2002.
L’avenir du théâtre devient alors incertain : comment assurer son entretien sans les bénéfices auparavant engrangés par ses activités ?

Fin 2002, les Bleus de Bar vendent le théâtre, son terrain, et les immeubles rattachés à un promoteur peu soucieux du patrimoine qui projette de construire 7 logements et des bureaux. La fin est proche, la destruction est imminente. Les habitants de la ville voient rouge, montent une association et parviennent à faire avorter le projet grâce à l’intervention d’un Architecte des Bâtiments de France.
En juillet 2015, l’Office Public de l’Habitat de la Meuse, nouveau propriétaire du théâtre et soucieux de son avenir, interpelle la population grâce à un article paru dans le journal local l’Est Républicain. Trois amis, après de nombreuses visites et de longs mois de réflexion décident de créer « L’association Pour La Sauvegarde du Théâtre des Bleus de Bar » et achètent le lot en mai 2016 en vue de le restaurer.

État du théâtre lors de l’acquisition en 2016.

Nombreux sont les donateurs et bénévoles participant à la vie du chantier et de l’association depuis. Autre élan positif : en mai 2018 le théâtre est choisi comme l’un des dix-huit « sites emblématiques » retenus par le loto du patrimoine, bénéficiant ayant d’une aide de 358 000 € de la part de la Mission Patrimoine, portée par Stéphane Bern.
Depuis le printemps 2020, le futur du théâtre est assuré puisqu’il est désormais inscrit au titre des Monuments Historiques, dans sa totalité. On peut désormais espérer voir de nouvelles représentations sur ses planches et de nouveaux tombés de rideau rouge d’ici fin 2022.

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En aparté : Un grand merci à Étienne Tagnon pour sa gentillesse et son hospitalité …
Une série un peu différente et déconcertante pour moi qui n’ai pas l’habitude de travailler en toute légalité,
sans être sur le qui-vive ; l’électricité en guise de cerise sur le gâteau …

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